Frédéric Chauvaud, La chair des prétoires. Histoire sensible de la cour d'assises 1881-1932, Rennes, Presses Universitaires de Rennes (Collection: Histoire), 2010, 382 p. [ISBN : 978-2-7535-1097-5]
Présentation par l'éditeur. L'imaginaire de la Belle Époque et des Années Folles est tout entier colonisé par le judiciaire. Depuis, films et feuilletons, séries noires et histoires du crime se sont multipliés au point de saturer l'univers des images et des représentations dans lequel nous vivons. Au coeur de cet imaginaire se trouve la cour d'assises, souvent assimilée à une pièce de théâtre ou à un spectacle. Maurice Garçon écrivait en 1928 : « au lieu de sentiments imaginés, de situations inventées, ce sont des personnages vivants qui étalent leurs passions, montrent leurs douleurs, exposent leurs tares, proclament leur effroi ». Fondé sur le dépouillement de très nombreux récits de procès, la présente étude constitue le premier ouvrage historique sur le fonctionnement, de l'intérieur, de la juridiction la plus célèbre du système pénal. Aux dires de nombreux observateurs, les palais de justice semblent avoir été bâtis pour accueillir des récits de vie, des paroles extravagantes, des histoires de corps lacérés et d'âmes pantelantes. Pour restituer les audiences, sans doute faut-il s'intéresser, tout d'abord, à la scène judiciaire, aux comptes-rendus de procès rédigés par les « tribunaliers », et à la façon dont les débats sont menés. Il importe aussi de retrouver les manières de parler, les gestes esquissés, les larmes versées et les regards échangés. Enfin, pour rendre compte du « drame judiciaire » lui-même, il faut encore suivre les « héros des cours d'assises », saisir le mystère du passage à l'acte, s'attacher à la transformation du réel en judicaire. L'histoire de la cour d'assises entre 1881 et 1932 s'avère essentielle pour comprendre la justice pénale contemporaine, à condition de se montrer attentif au cadre, à l'atmosphère, aux contraintes d'espace et de temps, au rituel judiciaire, aux plaies de la société perçues comme des blessures individuelles.
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