17/01/11

"Le juge et l’Outre-mer. Justicia illiterata : aequitate uti ?" de B. Durand-M. Fabre-M. Badji

Bernard Durand, Martine Fabre et Mamadou Badji, Le juge et l’Outre-mer, V, Justicia illiterata : aequitate uti ?, Lille, Centre d’histoire judiciaire (Université de Lille), 2011, 364 p. [ISBN : 2-910114-29-6]

Ce volume constitue le 5ème tome de la série de recherches que le professeur Bernard Durand (Dynamiques du droit - Université de Montpellier) a menées sur la justice coloniale ou, plus exactement, sur la colonisation juridique.
L’allusion du sous-titre de l’ouvrage aux "dents du dragon", que reprend le mythe de Jason, est une constante des mythes civiques : l’autochtone "sort de terre" ... L’autochtonr, ici, ce sont les hommes que l’on juge "au premier degré", sans nécessairement faire appel à l’apparat, à la procédure de la justice "lettrée" que l’on juge encore dans leur "monde", qui n’est pas celui de la métropole et selon des méthodes qui doivent à la fois aux coutumes qu’il connaissent ou aux usages qu’ils voient pratiquer au quotidien dans leurs relations avec les autres.
Et donc, si la justice a été largement coloniale, au sens de justice importée, lettrée cornme il se doit, qui peut nier qu’elle a ete aussi "autochtone", en tout cas "terrienne" ? Elle l’a d’abord été par sa justice "indigène", autochtone, pure parfois ou déjà métissée, parce qu’avait été proclamé le respect des coutumes indigènes et qu’il fallait bien accepter que des justices "autochtones" interviennent.
Mais elle l’a été aussi par sa justice "importée", du moins dans son esprit car I’accompagnement des colons traîne dans son sillage de multiples procédés de justice domestique : du maître sur ses esclaves, du patron sur ses empioyés, du capitaine de navires sur ses marins et ses passagers.
Cette dernière approche fait mieux comprendre sans doute que la soumission n’est pas seulement l’effet d’une domination d’État mais qu’elle relève d’une relation de "maître" à "sujet" qui la déborde et l’appuie ... ou l’inspire.

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